Dimanche 6 avril
Petite grasse matinée, ça change, ce matin c’est Angel qui prépare le petit déjeuner et nous pouvons choisir dans une liste bien agréable. Comme le mini-van ne fait que 7 places il va falloir que je fasse 2 aller-retour pour aller à la messe. Walter Harris, percussionniste black indian et batteur de jazz, m’a dit qu’il jouait dans le « norvegian seaman church » alors j’ai changé le plan de d’habitude pour décider d’aller le voir. Le connaissant ce sera forcément bien. Je fais donc un premier tour, moins 15mn pour y aller, je préviens Walter qu’ils sont là. L’église est petite, un toit rouge et pentu.
Retour à l’India et second voyage. En entrant dans l’église je tombe sur Simon, assis tranquillement dans un fauteuil, je lui demande si tout c’est bien passé et il me dit que oui vu qu’ils ont fait un billard ! Effectivement il y a un billard posé là. A côté un salon, une table est dressée avec ce qui semble être un nécessaire à petit déjeuner….Je ne saurais pas que l’on est dans une église que je me croirai dans un hôtel ! Il y a une piscine et un ensemble de jeux pour enfants dehors, des transats…Mais quand même il y a une église au bout…mais tout cela est en enfilade, sans couloir, comme une seule et même grande pièce. A ma surprise, c’est Seva (à la guitare dobro) qui dirige le trio, et Tim Paco (un intervenant d’octobre) à la contrebasse. Walter est à la batterie.
Nous nous avançons pour la célébration, nous sommes 14, il y a un groupe d’une vingtaine de personne, allez…au maximum nous sommes 40… Ce n’est pas l’ambiance de la New Hope Baptist church et son quasi groupe de rock, mais le trio joue super bien (amazing grace, when the saints, etc). Ça fait aussi partie de la vie et des contrats des musiciens de la ville que de jouer à l’église. La foi est ici très présente. A la fin de la célébration nous sommes invités à boire une boisson chaude, manger quelques gâteaux. Je discute un peu avec Walter qui est ravi que nous soyons venus ! Je l’aide à ranger son matériel, nous rediscutons de son intervention et il me dit combien il est désolé que le « dowtown super sunday » soit repoussé au mois de mai…il me parle des magnifiques costumes et du fait que ça me plairait…encore quelque chose à voir ici que je ne connais pas…décidément, on revient toujours à New Orleans…
Nous décidons de partir pour rejoindre le départ de la 2nd line et Seva propose de prendre une partie du groupe pour que je n’ai pas 2 aller-retour à faire. Nous remontons sur Claiborne, traversons uptown, dépassons canal street, pour nous retrouver juste au dessus de Tremé.
Le départ se fait d’un bar proche de la rampe, une sorte d’axe à 5-6 voies de circulation qui traverse la ville à 10m de hauteur. Dessous, de nombreuses voitures sont stationnées, mais aussi des remorques et des véhicules barbecues. D’autres vendent des boissons à l’arrière des pick-up. La foule grossit lentement, les musiciens arrivent, je discute un peu avec Paul (saxophoniste ténor français installé ici) car c’est le TBC qui assurera la parade. Deux chars s’installent sur la rue tiré par de 4×4. La foule enfle encore, la police bloque l’avenue, la sortie du club est barrièrée, le départ était prévu à 13h…il est 14h…la foule s’amasse devant le club, des cordes sont tendues pour laisser un passage. Un appel de trompette, et d’un coup le brass band démarre, fort, très fort ! Il y a même 3 sousaphones ! Les premières personnes sortent, les « suivantes » puis la reine, des hommes et le roi qui parade et danse avec une grande couronne dorée sur la tête et surtout des verres énormes décorés, emplis de quelques liquides alcoolisé certainement. Ils s’installent sur les chars tandis que les danseurs sortent un à un, cigare à la main, un costume ma foi simple avec des chapeau type canotier. Cela semble bien léger et simple…la parade se lance et nous voilà lancés dans la danse et le pas rapide de la seconde line. La foule est vraiment très grande. A l’approche de ce qui semble être le premier stop certains danseurs font voler leurs chapeaux loin et ouvrent leur chemise, je m’étonne que si tôt ils en soient là. La pause dure un long moment, d’autres musiciens au t-shirt rouge s’approchent et lance leur musique devant la porte du club…La reine, le roi et leur cour sortent mais changés ! Le roi portent énormément de plume, on dirait un paon tout blanc ! La fanfare les suit, j’y reconnais des musiciens du Stooges Brass Band… Le TBC s’approche à sont tour du club et la musique emmène la foule…les danseurs sortent mais changés aussi ! Ça y’est, ils ont vraiment un costume travaillé ! Un look à la golfeur-arlequin, à dominante verte et bleue, de grands éventails de plumes vertes et des sortes de sculpture qui leurs servent parfois de canne ornée d’une balle de golf.
Nous marcherons ainsi jusqu’à plus de 18h de l’après midi en traversant divers quartiers dont le Tremé pour revenir au point de départ. Le TBC est très très efficace pour faire danser les gens !
Comme il n’a pas plus et que le temps était plutôt chaud, surtout quand on marche autant et que l’on danse, nous repassons à l’India nous rafraichir et nous ne tardons pas car Roger Lewis nous a invité à venir les voir avec le Tremé Brass Band au Mother in Law, le nouveau club de Kermit Ruffins. Le club est à 2 blocks de là ou partait la seconde line. Kermit Ruffins est là au bar et il commence à discuter et saluer certains d’entre nous. Le tremé joue dans la pièce d’à côté. Comme l’avait dit Roger, l’orchestre est prêt du mur d’en face. Se tiennent là beaucoup de touristes blancs. L’ambiance est tranquille. Rapidement Tullia monte s’assoir sur scène aux côtés de Roger, puis c’est Simon qui est invité et voilà que Kenneth, qui est en très bon état ce soir, lui demande ce qu’il veut jouer. Fly Away ! Et hop c’est partit, Simon prend le thème, puis Kenneth lui tend le micro et il chante aussi ! Tout le monde s’amuse et l’ambiance monte tranquillement. A la pause, Benny m’invite à venir prendre place à la caisse-claire. Au second set cela s’agite, un nouveau trompettiste est là, Cyril entre en jeu, et puis Roger prend des solos toujours aussi énergiques, Kenneth pousse aussi…enfin ça monte ça monte !! Super soirée avec le Tremé. Nous partons de là contents, passage par l’India et après quelques hésitations nous repartons pour le Howlin Wolf où joue le Hot 8 Brass Band tous les dimanches. Il est bien minuit quand nous arrivons au club, c’est la pause et nous discutons avec le grosse-caisse du Hot 8. il nous explique qu’ils ont atterrit à 20h en provenance de Norvège et qu’ils se sont mis à jouer vers 22h…ils sont rincés ! Le set sera assez court, heureusement car avec la fatigue cumulée et le son des basses de la grosse-caisse énorme je m’endors sur le banc…j’ai réussit à profiter des quelques morceaux mais je suis ravi de rentrer et de me coucher ! Quand on fait le bilan la journée a été plus que chargée !!!
No comments