Mercredi 3 avril

 

Levé 7h30, on sent bien que ça commence à se caler car les réveils sont plus lents…

Il pleut !

Il a plu sans arrêt toute la nuit, et de la grosse goutte ! Un petit coup d’oeil à la météo et voilà une alerte météo aux inondations sur New Orleans !

Pour rappel, une majorité de la ville est située sous le niveau de la mer..autant vous dire que vu la taille et l’intensité des gouttes, l’eau ne s’évacue pas vite et stagne rapidement de manière assez impressionnante !

D’ailleurs, sur le chemin entre l’hôtel et le Chickie Wah Wah il faut se jouer des flaques et autres mares, et même marcher sur la route car les trottoir sont submergés !

Nous arrivons sans encombres au club mais non sans être douchés !

Les chaussures ont pris l’eau, certains s’installent sur scène en chaussette et tout autour les vestes et autres kway sont disposés de manière à ce qu’ils sèchent.

Nous attaquons Paul Barbarin 2nd Line et Kirk fait son entrée. Il va nous faire travailler presque 2h sur l’arrangement de ce morceau, un bon travail en profondeur qui est le bienvenu !

Il me raconte qu’il vient de voir Roger Lewis trainer en voiture prêt du Chickie…il pensait que son intervention était ce matin alors que Kirk l’avait appelé la veille pour lui confirmer que c’était jeudi…nous avons encore bien ri !

« a durtch ! » nous crie Kirk, et c’est le funeral Just closer walk que nous entonnons…suivi de la partie au tempo doublé.

Le travail se poursuit par Fly Away, un petit apprentissage rapide du texte, une petite explication sur le street-beat pour les percussionnistes : sorte de marche empruntée aux militaires qui est joué sans arrêt entre 2 morceaux pendant les parades et qui ne s’arrête qu’au roll off (exactement le même que dans l’indicatif de la Twentieth Century Fox), et là un nouveau morceau s’enchaine.

Red beans and Rice and smoked sausages ! Ça aussi c’est typiquement new orleans ! Pour le ventre c’est pas toujours la joie mais bon, il faut manger local;-)

L’après midi s’enchainera avec une reprise de Night in Tunisia et un travail poussé sur Blackbird special. Ça y est, nous sommes prêt pour le présenter à Roger Lewis demain qui risque de faire une drôle de tête…c’est toujours le morceau qu’il apprend aux stagiaires, et quand je l’ai raconté à Kirk il m’a dit : « on va leur apprendre tout de suite et ils le joueront quand il leur demandera de lui présenter un premier morceau ! » . Kirk est un blagueur c’est sûr ! Ne dit on pas « jouer de la musique »;-)

Tout est dans le jeu !

Pour finir la journée nous nous sommes mis d’accord pour proposer à Kirk de réarranger « une chanson douce » d’Henri Salvador. Kirk écoute la chanson d’origine, organise le déroulé de la grille, double le tempo, arrange le pont de manière différente et c’est ainsi que petit à petit une nouvelle version nait de ce workshop !

Nous finissons en forme avec notre composition collective de la veille « bicycle » et voilà une journée de presque 7h de workshop qui se termine. La fatigue se fait sentir, mais lorsque je dis à Kirk que nous avons l’intention d’aller voir le Treme Brass Band ce soir au Candelight Lounge et que nous allons y emmener nos instruments pour éventuellement y faire le bœuf il me dit que si nous jouons nos morceaux il viendra danser !

Rdv est pris ! Il amènera son sousa pour Matthieu et il pense que nous devons jouer notre composition « bicycle » et « une chanson douce ». Je connais bien le Candelight et quand il me dit que les gens vont danser comme des fous la dessus je le crois sans problème !

Quand en plus nous lui expliquons que nous voulons baptiser le groupe « Froggies Brass Band » il a une expression du genre « mais comment est-ce possible… » et il retire son pull pour nous montrer le tatouage sur le haut de son bras droit : c’est une grenouille ! Frog était le surnom de son père Waldren, un grand tromboniste qui a joué avec beaucoup de grands artistes des années 50 (Paul Barbarin, Louis Cottrell, Jr, Big Joe Turner, Earl King, Smiley Lewis , etc).

Une photo souvenir de toute la promo avec Kirk devant le Chickie Wah Wah et rdv ce soir à 20h30 au Candelight Lounge, le club du Tremé Brass Band en plein cœur du quartier Tremé !

A suivre…

Mercredi 3 avril …suite…

 

Les taxis sont commandés, les instruments sont prêts, Kirk nous attend pour 20h30 au Candlelight, il amène son sousa et va gérer notre passage là-bas. Nous avons convenu d’y jouer 2 titres que le Trémé Brass Band ne jouera pas à coup sûr puisque « Bicycle » est une composition collective et « une chanson douce » est un arrangement fait avec Kirk.

A notre descente des taxis nous sommes salués par les personnes devant le club. Kenneth Terry, le trompettiste-leader du groupe, sort du bar. Comme à son habitude, il a un verre à la main contenant un alcool fort et ça ne doit pas être son premier…ni même son deuxième !

Je lui parle brièvement en lui demandant s’il se rappelle de moi et des stages de trempolino (il est intervenu il y a un an), il me dit que non et puis me dit que oui…il est dans d’autres stratosphères ! Il voit la housse de DD et lui demande de l’ouvrir : « tu vas jouer ! ». Il salue tout le monde et demande immédiatement à prendre une photo avec nous tous ! Nous nous exécutons avec grand plaisir !

Nous entrons dans le club, le prix a encore augmenté (c’est 10$ par personne), le club est presque vide mais sur scène Kirk joue d’un tuba dans son coin, il habite à seulement 2 blocks de là. Benny Jones, le patron du groupe et caisse-claire, vient nous saluer et commence à nous ramener des chaises pour nous placer dans l’orchestre. Suis un espèce de quiproquo assez rigolo : Kirk lui dit que nous ne jouerons qu’après le premier set, Kenneth s’en mêle, place les trompettistes prêt de sa place, Benny me fait signe de me mettre à côté de la grosse grosse-caisse…Finalement il comprend que nous préférons attendre pour jouer, il me dit de prendre une table, demande à Kirk de nous y placer et Kirk lui répond « tu débloque Benny ? Tu me demandes pas ça à moi ! Tu racontes n’importe quoi.. » . On sent les histoires et le poids des années… Benny Jones jouait avec Kirk dans le Dirty Dozen en 77 !! Imaginez comme ils se connaissent ! Et en plus ils habitent tous dans le quartier depuis leur naissance.

Finalement, il s’en suit une espèce d’embrouille entre Kirk, Kenneth et Benny…mais nous nous plaçons à une table tranquilement. Une femme nous aborde immédiatement pour nous aider à nous placer et nous servir à boire. Les musiciens arrivent petit à petit, s’installent de manière désordonnée et finalement le set commence. Kenneth envoie une purée du diable à la trompette et se dirige presque immédiatement vers les trompettistes de notre groupe pour leur demander de venir jouer..ils refusent poliment…ça commence à chauffer tout de suite, au niveau musical. Le tempo est medium et la rythmique balance fortement. Les lignes de basse de Juliuus, alias Jap, sont ciselées et syncopées, taillées pour chalouper à souhait ! La grosse-caisse balance de « bombs » terrible ! C’est toujours le même sketch entre les morceaux : Kenneth envoie le début du thème seul pour indiquer le morceau aux membres du groupe et les musiciens le charrient en lui disant que c’est pas possible, qu’ils veulent pas jouer ça, etc… et puis finalement ils jouent le morceau proposé !! Au second morceau, Kenneth revient nous voir…du coup on ne peut pas risquer de fâcher ce gaillard !! DD et Julien sortent leurs trompettes et les voilà partis..Kenneth les titillent en musique et revient à la charge, me fait signe et je ne me fais pas prier. Petit à petit il enrôle tout le groupe…évidemment nous sommes ravis ! Nous voilà à jouer avec le Tremé Brass Band ! Les musiciens nous scrutent et après quelques mesures nous font des sourires approbateurs ! Le grosse-caissiste s’amuse avec moi, une complicité musicale se crée et nous rions ensemble des rythmiques, ça ne m’évite pas de me prendre quelques coups de batte sur les doigts et sur ma caisse, mais bon, il joue tellement Kirk s’époumone dans son tuba, on rit ensemble au fond de l’orchestre.. Je vois que mes petits camarades sont dans le même état ! Super ! Ça marche comme je l’espérai ! En même temps, au Candlelight…j’avais pas grand doute sur la générosité des résidents;-) !

À la pause du Tremé nous jouons nos 2 titres comme prévus. Toute l’assemblée et les musiciens sont attentifs et nous lancent des gestes d’approbation. Dans l’excitation nous ne faisons pas exactement ce qui était prévu au niveau des arrangements mais ça passe ! Le plaisir d’être là… au cœur du premier quartier noir des états unis…il y a une ambiance ici, une simplicité dans le partage, je ne peux pas vous expliquer, mais si un jour vous venez dans cet endroit vous ressentirez ce que tout le groupe à sentit et qui les a semble t’il un peu « remué » de l’intérieur…….that’s new orleans men !!!

 

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