Vendredi 18 octobre

 

Ce matin, encore un tromboniste, mais aucune comparaison possible avec le svelte surfeur blond des Bonerama !!

Edward Jackson dit « juicy », tromboniste du TBC brass band, comme il est tatoué sur son avant bras gauche, plus d’un quintal sur la balance, arrive avec son seul trombone à la main, tout de noir vêtu. Sa marche est balancée, tranquile… il pose son trombone tout dévernit par le temps et cabossé dans tous les coins… Un rapide tour de bonjour, présentation et les fonkfarons entonnent un morceau pour lui donner un aperçu de leur répertoire. Juicy décide alors de leur faire travailler un traditionnel. Ils sont tous comme ça ici, ils tiennent à travailler d’abord les traditionnels, c’est pour eux la base de leur musique que l’on doit maîtriser. Ce sera donc Bourbon street Parade. Il s’engage alors dans un travail rythmique. Et puis le groupe lui demande de travailler des morceaux plus moderne. Il réfléchit et propose de leur apprendre un morceau de sa composition. Simple, 2 accords, efficace, des riffs, des tournes et l’affaire est jouée ! Quelques discussions sur ce son si particulier des brassbands d’ici, ce son un peu « sale », et particulièrement sur les « effets » de trombone en sortes de vibratos de coulisse soutenus. Juicy est un musicien souriant, avenant, généreux comme la plupart ici, il n’hésite pas à enseigner ses propres compositions, aucune retenu dans l’humain comme dans le jeu !

Les fonkfarons entonnent leur morceau « joyeux » et une fois de plus il est très sensible que le jouage change, le son s’épaissit, s’élargit, s’affirme…

 

Cete après midi Iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiindiaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaannnnn !

Walter Harris arrive seul avec sa grosse caisse et sa caisse de percussions emplie de cloches et autres accessoires comme une cravate washboard… Walter est un Black Indian, et il a la responsabilité des tambours, c’est le chef tambour du gang. Au risque de me répéter, je tiens à dire que Walter est LA rencontre de mon premier voyage ici… il est d’une gentillesse et d’une générosité incroyable et sa philosophie de la vie liée à la culture black indian me touche énormément. Le big Chif Ato Fayo aura du retard, il y avait ce matin une indian second line car ils enterraient un Big Cief sur Algiers Point, la ville en face de New Orleans sur le Mississippi. Walter commence donc à rappeler l’histoire des Black Indian. On connaît assez mal cette culture, mais il faut savoir que les premiers esclaves qui s’échappaient des plantations allaient se réfugier dans le bayou, milieu hostile s’il en est, et ils furent accueillis, recueillis là où avant eux s’étaient réfugiés les indiens d’amérique chassés par les européens. De cette hospitalité est né un profond respect et la population noire en garde un souvenir fort. Lorsqu’à la Nouvelle Orléans on fêtait le Mardi Gras, venue tout droit de la culture et de la religion catholique européenne, les populations noires ont eu se besoin de montrer leurs différences culturelles et de les exprimer d’une manière forte. Ainsi est né le Black indian Mardi Gras. Cette culture n’est pas sortit de nulle part, elle est aussi liée à la création de réseau sociaux, comme les socials clubs, mais avec une hiérarchisation et un fonctionnement proche de celui d’un tribue, « a tribe », indienne. Nous avons ainsi un Big Chief qui est responsable de ses « black indians ». Il se doit ainsi de gérer tous les problèmes que les membres de sa communauté rencontre, qu’ils soient financiers, médicaux, sociaux, etc… Le jour du mardi gras indien leur costume, d’une valeur avoisinant souvent les 10000$, fabriqués à la main pendant un an ou plus, leur permet de se mettre dans cet état suprême de représentation de leur tribu. Ils portent le poids du costume, pendant des fois 5 ou 6 heures, mais ils portent surtout la responsabilité de tout un groupe, de leur image, il doit montrer sa force, sa beauté, sa grandeur, son « fayo » (fire : le feu!). C’est une culture de guerrier, un culture de force, mais pas de pouvoir, une culture de construction ensemble, qui pousse tout le monde vers le haut en utilisant les qualités de chacun. Le big chief est nécessaire pour gérer et diriger sa communauté d’indien, son gang, mais il a besoin de sa tribu avec des personnes clés qui sont représentées d’une manière théâtralisée pour le Mardi gras indien. Attention ils ne jouent pas la comédie, ils sont en représentation. Il y a le Spyboy qui doit être aux avants postes et surveiller les autres tribus, il y a le Flagboy qui porte les couleurs et qui assure la communication au sein du groupe, le Wildman qui assure la protection du groupe et du Big Chief en particulier, et puis la Queen qui est la représentante de la beauté du groupe. Et il y a le tambour major comme on dirait chez nous ! La locomotive du groupe, avec son roulement entêtant qui mont au loin, qui est sensé intimider l’ennemi et encourager la tribu dans ses déplacements à la rencontre des autres tribus.

Tout le monde dans le groupe s’essaye à la grosse caisse (à plat et à 2 battes), mais aussi à cette technique si spéciale du tambourin. Des cloches viennent ponctuer tout cela et les chants commencent à s’élever. « Ounané ! » « Ounané ! » « Ounané ! » et le chef se met à improviser un discours chanté, et nous lui répondons « Ounané ! » , la tension monte au fur et à mesure que Walter accélère la cadence, on se tend, on chante plus fort, on scande plus qu’on ne chante, on transpire….le feu !! la puissance, le force ! Tout est là.

Nous ferons aussi un « come on Get’em », et puis un petit essais d’indian Red, cette prière indienne si particulière et qui me bouleverse chaque fois que j’en hésite toujours à m’accorder le droit de la chanter…

Une après midi bien remuante comme à chaque fois avec cette culture si pleine, entière et véridique…

 

Je prends rdv avec Walter qui voudrait encore faire plus pour partager tout cela, nous pensons à préparer des projections vidéos, des photos ou encore des documents traduits en français…nous verrons cela plus tard…il serait peut être même possible que nous assistions à un Indian Practice, une réunion qui a lieu régulièrement entre black indian pour répéter les morceaux et s’entrainer.

Nous nous promettons de nous recroiser dans la semaine.

 

Retour à l’hôtel, repos, apéro, et préparation de la soirée…moi j’écris pour rattraper mes deux jours de blog de retard.

 

Sur les coups de 8h nous décidons d’aller tous manger un burger ! Passage obligé du périple américain…mais pas de Mc Do ou de Burger King mais Rallyes ! Une chaine de fastfood qui ne fait que drive…mais il y a des tables en extérieur..le small correspon au medium chez nous, et le medium au large et ils ont 4 tailles ! Sinon, aucun commentaire sur la nourriture, chacun s’est fait sa religion, mais c’est moins pire que les autres 😉

 

Un tour de streetcar pour descendre Bourbon Street, ce soir en plus c’est réalisation de court métrage en Go-pro, ça nous occupe et puis sur Bourbon street c’est rigolo ! Nous sommes vendredi et autant dire que la foule est dense…c’est endroit est vraimen incompréhensible…dire qu’il a été le berceau du jazz et qu’il n’est plus maintenant qu’un lieu de débauche et à tous points de vues d’une vulgarité inégalée !!

 

Nous arrivons sur Frenchmen street. Beaucoup de monde qui circule dans la rue, entre et sort des clubs qui ont tous des groupes. Nous nous dirigeons vers le Blue Nile, ce soir nous allons écouter le Stooges Brass Band, l’un de mes préférés et ce soir comme à leur habitude ils ont été très bons ! En plus leur son est propre, toujours ses petits pas marrants et puis cette ambiance de potes sur scène toujours agréable ! A noter particulièrement un reprise de Blackbird special, morceau du Dirty Dozen écrit par Charles Joseph, dans une version vraiment sympathique. Et puis le côté jeu avec le public, les pas de danses et une battle de public, tout pour faire une bonne soirée !

 

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