Kevin and Calvin

Vendredi 4 avril

Ce matin je suis le premier arrivé au Chickie, il est à peine 9h et Kevin est déjà là devant le club. Il a attaché son vélo au rare garage à vélo que j’ai vu en ville…peut être est-ce même le seul…en tout cas il est devant le Chickie Wah Wah. Toujours dans une tenue vestimentaire un peu précaire, des fois je me dis qu’il doit dormir « sous les ponts »…mais ici ce serait plutôt…je ne sais pas mais des ponts je n’en connais qu’un et il est tellement gigantesque qu’il ne protège de rien !

Comme nous ne sommes que tous deux j’en profites pour lui reparler des Fonk’farons. Son visage s’illumine et il se remémore les séances de travail, je lui dit qu’ils ont enregistré une de ses compositions et la création qu’ils ont faite ensemble. Tom prend mon téléphone et les diffuse plein tube sur la sono du Chickie, Kevin est aux anges et fait des commentaires sur chaque détails qui se présentent. Plus tard je lui enverrais les liens qu’il s’empresse de partager avec ses amis…

Il salue tout le monde, s’assied sur un côté sur un bord de la scène et commence à jouer doucement de la trompette. Kevin Louis est un trompettiste qui joue dans différents groupes. Il a joué chez le Stooges Brass Band, il joue dans le réseau traditionnel mais il n’est pas attaché à un groupe en particulier et en plus il enseigne la musique au collège.

Il demande à jouer Paul Barbarin 2^nd Line. La matinée sera presque entièrement consacrée au décorticage de ce morceau. Le roll-off, roulement d’introduction fortement inspiré des marches militaires françaises, l’intro en triolets si particulière et puis le thème, le texte de la chanson, etc… Toute une façon de voir le morceau propre à son rôle de leader, à expliquer le rôle et l’importance du trompettiste qui doit être meneur.

A la fin de la matinée Kevin vient me dire qu’il aurait pu leur faire jouer une composition à lui mais il préférait travailler sur le répertoire et la forme traditionnelle car il pense que les bases sont là…je ne peux qu’être d’accord.

L’après midi, Calvin Johnson, saxophoniste ténor, arrive tranquillement. Il fait le tour de tout le monde et demande à écouter un morceau. Ensuite, comme à son habitude, il va aller directement là où on a pas envie de regarder, les petits détails qui font la différence dans cette musique. D’abord savoir quel est le rôle de ton instrument, ensuite comment tu assumes ce rôle et comment tu te mets au service du morceau. Tout le monde aura droit à ses questions. Le souci du détail dans les grilles. Du coup, ce cours ressemble toujours plus à une classe comme nous les connaissons. Il décide de travailler C James Blues et donc tout le monde note la grille (« a chorus » en anglais). C’est toujours un cours peut être un peu fastidieux mais qui remet bien proprement les choses à leur place.

Nous sommes plusieurs à partir directement en ville, certains cherchent des vêtements, d’autres des chaussures, d’autres des souvenirs. Direction le French Quarter, Royal Street et ses magasins plus classieux, notamment celui de chapeau, et puis Decatur et toutes ses boutiques emplies de T-shirt plus ou moins de bon goût, mais en cherchant bien, quand on connait un peu il est possible de trouver ce que l’on cherche. Nous flânons tranquillement, nous ne sommes pas pressés, nous avons décidé de voir les Soul Rebels à 22h au DBA sur Frenchmen. Certains s’égarent, se perdent, se retrouvent, finalement je me fais la réflexion qu’après 8 fois ici et un très bon sens de l’orientation, ses rues perpendiculaires ne sont vraiment pas pratiques pour un repérage simple…finalement tout se ressemble et on ne sait jamais précisément où l’on se trouve…à une rue prêt…mis à part Bourbon Street…il y a des repères olfactifs !

Sur les coups de 21h-21h30 nous sommes sur frenchmen, c’est l’affluence du vendredi soir, visiblement des touristes américains du week end, cocktails à la main avec des couleurs improbables et des leds dans les verres qui clignotent. Un petit tour des bars-clubs et puis nous nous engouffrons au DBA, encore 10$ qui partent, le groupe s’installe, nous buvons un coup.

Tout le monde se retrouve pour le concert. Ça démarre fort ! Les gars sont rodés ça se sent, ça envoie très fort mais rapidement je sens la fatigue me gagne..je m’endors debout…je file m’asseoir et ça ne s’arrange pas…pourtant le groupe joue très bien. Leur spécialité, ce sont les reprises de morceaux de variété connus à la sauce brass band, devant 2 trombones, 1 sax, 2 trompettes et derrière une section rythmique furieuse (grosse-caisse avec toms, caisse-claire avec un charley et cymbales, et sousa). Ça déménage….

Allez, un taxi et au lit !